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Le cœur de l'été approche... et avec lui, le retour de Loïc.

  • cedricdemylo
  • 21 juin
  • 3 min de lecture
Les lumières sont déjà allumées… mais ils ne sont pas encore là. Chez François attend, comme un cœur qui bat dans le silence.
Les lumières sont déjà allumées… mais ils ne sont pas encore là. Chez François attend, comme un cœur qui bat dans le silence.

Dans Du côté de chez Tom, Loïc n’était qu’une silhouette en retrait, un regard discret, une présence fragile. Dans ce second tome, il prend la parole. Peu à peu, il dévoile ses pensées, ses doutes, ses liens profonds avec ceux qui, dans l’ombre, lui ont tendu la main.

Parmi les lieux qui comptent, il y a Chez François. Un petit café-restaurant resté dans son jus, quelque part dans le centre ancien, entre mobilier vintage et plats simples. C’est là que Loïc retrouve Salomé et Mehdi, ses alliés discrets. Un trio pudique, attachant, que je vous laisse découvrir dans l’extrait ci-dessous.

📖 Ce passage, encore inédit, est l’un des premiers à poser les fondations du tome 2.

Bonne lecture et à très bientôt pour la suite.


Extrait du chapitre 2 : Chez François

En début de soirée, Loïc enfourcha son vieux vélo, un VTT un peu trop petit, qu’il avait depuis le collège mais qu’il n’avait jamais voulu changer. Il habitait un hameau au nom charmant à trois kilomètres de la ville : la Fontane. Pas trop loin, mais juste assez pour transformer chaque déplacement en parenthèse mentale, en sas de décompression entre son monde et celui des autres. Une échappée introspective dont il avait besoin, toujours.

La route, il la connaissait par cœur. Elle serpentait entre les champs roussis et les vieux murets clairs, bordée de figuiers à demi sauvages. D’habitude, il bifurquait un peu plus loin, vers le bois de Loubressac. Aujourd’hui, non.

Il salua d’un geste les voisins, affairés à dresser une grande table sous la tonnelle. On lui répondit d’un sourire et d’un « bon courage pour lundi » qui résonna un peu plus fort que prévu.

L’air était encore chaud, doux comme une promesse prolongée de vacances. Lundi serait un autre rythme. Mais ce soir, l’été restait le maître des horloges.

**

Les premières maisons du centre ancien apparurent, harmonieusement blotties les unes contre les autres, avec leurs volets battants et leurs façades un peu défraîchies, égayées çà et là de pots de fleurs ou de linge étendu : une carte postale intemporelle, sud oblige ! Loïc ralentit à l’approche de la zone piétonne. Le vélo glissa en roue libre sur les derniers mètres, murmurant son rythme tranquille et familier.

Le garçon posa pied à terre devant Chez François, un petit café-restaurant niché au cœur d’un entrelacs de ruelles aux allures d’autrefois, entre une librairie d’occasion et un cordonnier fermé toujours trop tôt.

Il poussa la porte qui tinta. Une odeur familière l’enveloppa. Cette odeur. Mélange de cuisine maison et de quelque chose d’indéfinissable qui ne laissait personne indifférent : un vieux souvenir d’enfance, une saveur retrouvée, un sentiment d’éternité... Chez François, rien n’avait bougé depuis des lustres :  le mobilier en formica rouge et jaune, le comptoir en zinc usé et l’ardoise sur laquelle Sylvette griffonnait le plat du jour, à la craie.

Sur les murs, quelques photos des gorges voisines et du viaduc, visiblement tirées d’un vieil almanach des années 1980. François et Sylvette n’avaient jamais voulu moderniser.

Parfois, un collectionneur (parisien, certainement…) proposait à François un prix exorbitant pour lui acheter son mobilier vintage. La réponse claquait, définitive :

— Il n’en est pas question. Ce serait comme si je me vendais moi-même ! Il disait ça avec un clin d’œil, mais personne ne savait trop s’il plaisantait. Alors, fin de la négociation. 

François avait repris le lieu au départ de ses parents, au début des années 2000. Il approchait désormais la cinquantaine, avec sa carrure d’ancien joueur de rugby, son regard vif et sa chemise toujours ouverte sur une chaîne en or. Sylvette, elle, régnait sur la cuisine, fine, rapide, discrète. Ensemble, on aurait dit qu’ils faisaient tourner le monde, enfin, leur monde.

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