Cédric de Mylo
Un jour, un instant choisi
Extraits du tome 1
Les illustrations du site sont réalisées avec une IA et ne figurent pas dans le roman.

La maison de Tom
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« Avant de descendre, Tom ouvrit grand la fenêtre de sa chambre. Une senteur de pins, de terre sèche et une note sucrée venue du jardin lui parvinrent aussitôt. Le parc s’étendait, magnifique, parsemé d’ombres. Il avait grandi ici, entre cachettes et jeux d’enfant. Un domaine hérité de ses grands-parents. Les souvenirs lointains d’une voix douce, d’un rire grave… Le parc, lui, était resté, tel un écrin protecteur, changeant au gré des saisons… »

Paul, motivé pour son entrée en 6ème.
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« Tom monta les escaliers sans se presser. Il connaissait bien son petit frère. Les matins, il les détestait : lumière, bruit, chaussettes qui grattent, tout. Il ouvrit délicatement la porte de la chambre. La pièce baignait encore dans l’ombre. Paul dormait, roulé dans sa couette.
Tom s’approcha et chuchota très sérieusement :
— Agent Paul, réveille-toi. Mission Sixième lancée. Objectif : survie au collège. Équipement : cartable, trousse, confiance en soi. Ennemi principal : prof de maths.
Un grognement.
— Paul ?... Il est 9h30. T’as loupé la rentrée. Maman est déjà partie en panique au collège avec ton cartable. T’as plus qu’à redoubler.
— Mmmmh… tais-toi.
Le grand frère sourit, s’assit sur le bord du lit, lui passa tendrement la main dans les cheveux. »
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Dans la cuisine, le p'tit déj' est prêt, merci Eva !
« Dans la cuisine, la lumière dessinait des reflets pâles sur les meubles. L’odeur du café et du pain grillé accueillait la maisonnée. Eva s’activait déjà, un torchon sur l’épaule.
Elle leva les yeux, sourit :
— Salut toi. Bien dormi ?
— Ouais. Et toi ?
— Mmh... comme une mère poule la veille de la rentrée.
Elle lui servit un café, s’adossa au plan de travail et le regarda quelques secondes.
— Tu vas bien ? Vraiment ?
Tom leva les yeux de sa tartine.
— Oui. Pourquoi ?
— Je ne sais pas… C’est la terminale, les grandes décisions, les profs qui mettent la pression, Parcoursup… Tu caches bien tes inquiétudes, si tu en as.
— Franchement, ça va. Je suis prêt. Mais ça fait drôle de se dire que c’est la dernière. »

Le lycée de Tom et Simon
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« Le lycée Jules Verne s’élevait dans un quartier calme, à deux pas du centre-ville. C’était un imposant bâtiment de pierre blonde, avec ses grandes fenêtres à petits carreaux, ses couloirs hauts de plafond et son large escalier central qui grinçait sous les pas trop pressés. Depuis plus d’un siècle, des générations d’élèves s’y étaient succédé, laissant leurs traces : prénoms gravés sur les tables, rumeurs dans les couloirs, des promesses murmurées entre deux cours… Une façade de musée, mais à l’intérieur, c’était un vrai lycée : brouhaha, rires, casiers cabossés, affiches déchirées et sonneries stridentes. La salle 204 sentait la craie, le vieux bois et le café froid. »

Simon, le meilleur ami de Tom
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« Le gravier crissa. Simon leva les yeux, adossé au tronc du vieux pin. Quand Tom arriva à sa hauteur, ils échangèrent un simple regard, une esquisse de sourire. Pas besoin de mots.
Jean un peu trop long, t-shirt noir à message semi-ironique, sac sur une seule épaule, Simon dégageait une nonchalance étudiée. Ses cheveux bruns semblaient avoir fait la guerre à son oreiller et ses yeux sombres, vifs, balayaient le monde avec cette vigilance nerveuse qui lui collait à la peau. Il n’avait pas besoin de parler pour exister : sa présence remplissait l’espace. »

Madame Lemoine. La prof de maths.
« Une bonne trentaine d’années d’enseignement au compteur, un chignon serré comme un théorème, et une garde-robe exclusivement composée de cardigans mauves. Elle entrait sans bruit, mais avec un poids. Celui qui fait croire à un contrôle surprise à chaque mouvement. Elle écrivait à la craie, lentement, comme si chaque formule était un glyphe sacré. Tout élève qu’elle interrogeait semblait perdre deux degrés de température corporelle. »

Un dîner chez Tom
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Dans cet extrait, Paul raconte à Tom et leur mère une scène improbable survenue en classe… Un moment à la fois drôle, absurde et révélateur de la complicité familiale.
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« Paul, son petit frère, surgit au détour du couloir, les cheveux ébouriffés, une manette de console à la main. Tom leva les bras au ciel avec un air de martyr, façon quelle plaie, tel un héros antique recalé au bac de philo.
— J'arrive, clown.
Il posa son sac devant sa porte et le suivit.
Quand il redescendit, la table était dressée. L'odeur du gratin embaumait toute la maison. Paul attaqua la conversation avant même qu'Eva ait posé les couverts.
— Vous savez quoi ? Aujourd'hui, en maths, y'a un pigeon qui s’est incrusté en plein contrôle ! Madame Laville a paniqué, c'était énorme !
Tom sourit, amusé malgré lui.
— Sérieux ? Et après ?
— Bastien a fait le gros bouffon en voulant chasser le pigeon avec son cahier... Résultat : il s'est vautré comme une limace ! Et le pigeon, peinard, a bombardé la copie d'Amandine.
Eva fronça les sourcils.
— Tu voulais dire « attraper », bien sûr.
— Évidemment, répondit Paul en roulant les yeux.
Tom prit le relais :
— Madame Laville, elle a fait quoi du coup ?
Paul ne se fit pas prier pour raconter la suite :
— Elle était partie en courant chercher un balai pour faire sortir l'oiseau... et elle est revenue avec une grande pelle, pile au moment où Amandine commençait à chialer sur sa feuille défoncée.
— Paul…
Il se reprit, plus théâtral encore :
— Je voulais dire... tandis que cette pauvre Amandine pleurait à chaudes larmes sur son document désormais inutilisable.
Ils partirent tous les trois dans un bel éclat de rire. Tom se sentit bien, apaisé, simplement là. Paul, ravi de son effet, planta sa fourchette dans le gratin, puis prit un air songeur. »

Seb et Dylan
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Ils n’étaient pas là pour jouer.
Seb et Dylan voulaient tester les limites — et briser ceux qui n'entraient pas dans leurs cases.
« Un coup de sifflet. Rassemblement.
— Deux équipes ! Shorts d’un côté, survêts de l’autre.
Tom, Simon et Ulysse se retrouvèrent dans la même équipe. Seb et Dylan aussi. Tom pressentit le malaise. Il enfila sa chasuble, le geste un peu raide.
— Sérieux ? On est avec eux ? Super ambiance… grogna Simon.
Le match démarra, désordonné, nerveux. Tom courait, l’esprit embrouillé. Il repéra Ulysse, fluide au milieu du désordre. Le ballon roula. Ulysse s’élança. Dylan aussi. Il le bouscula violemment. Ulysse chancela mais se redressa, silencieux. Il récupéra la balle. Un élan d’admiration traversa Tom, qui n’avait rien perdu de la scène.
Seb et Dylan échangèrent un signe discret. Ils allaient resserrer le jeu autour d’Ulysse. Tom comprit le manège. Ce n’était plus un match. C’était une provocation. Seb ne cherchait même plus à jouer collectif. Chaque passe ratée devenait prétexte à un doigt d’honneur, un mot de travers… Dylan, lui, se collait à Ulysse un peu trop souvent, un peu trop fort… Tom hésita une seconde, puis il fonça. Il coupa la trajectoire de Dylan, intercepta une passe mal assurée, envoya le ballon vers Ulysse, qui le rattrapa sans effort. Et tout s’enchaîna. Ils jouaient ensemble, instinctivement. À croire qu’ils avaient toujours fait partie de la même équipe. Des passes nettes, des courses coordonnées. Tom anticipait les mouvements d’Ulysse. Ulysse devinait les siens. Plus qu'un binôme de fortune. Une évidence. »

La salle 204
« La salle 204. La fameuse. Déjà décrite, souvent copiée, jamais égalée. Elle sentait toujours la craie, le vieux bois et le café froid. Mais on n’avait pas tout dit. Il y avait aussi les fenêtres qui grinçaient, et ces tables en bois bancales et dont le style très expérimental évoquait un stage d’ébénisterie manqué. Tom s’y installa entre Ulysse et Ludo, comme si de rien n’était. »