La pièce de Paul
- cedricdemylo
- 21 oct.
- 1 min de lecture
Aujourd’hui, le temps est maussade. Même Dolly, ma brave et affectueuse chienne bouvier bernois, montre peu d’enthousiasme à l’idée d’une balade. Nous la remettrons à cet après-midi, en croisant les doigts pour qu’il ne pleuve pas…
Je reste donc chez moi, à flâner, ou plutôt à me mettre en condition. En fin de journée, j’ai prévu d’écrire le deuxième chapitre de mon nouveau roman, le projet Varennes. Il me faut doucement quitter un monde pour en rejoindre un autre. Ce n’est pas facile d’abandonner la petite bande de la rue du Bras de Fer, dont je viens tout juste de publier l’intégrale illustrée. Et pourtant, il est temps de changer d’univers.
Proust avait sa madeleine. Moi, j’ai ma pièce : la pièce de Paul. Je vais la chercher dans ma bibliothèque, j’extirpe cette belle endormie de sa cachette. C’est une pièce à l’effigie de Louis XVI. Paul, mon père, me l’a offerte l’année de mes dix ans. Il connaissait ma passion pour l’histoire et m’avait dit alors :
« Peut-être que le roi a tenu cette pièce dans sa main. Peut-être l’a-t-il donnée à l’aubergiste… la nuit de Varennes… »
Cette histoire ne m’a jamais vraiment quitté. Mon père était un acharné de travail. Nous ne le voyions pas souvent, mais il savait écouter, observer, comprendre. Avec ce petit trésor, il avait visé juste.
Peu importe, au fond, que cette pièce ait réellement joué un rôle dans la fuite à Varennes ou que tout cela relève de la légende. Pour moi, cette vieille pièce patinée par le temps est une sorte de sésame, un objet de passage. Je la tiens, je suis prêt.
Merci, papa.





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